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Le ramadan, une pratique religieuse qui s’est ancrée chez les jeunes musulmans

Aziz se souvient avec émotion de ces moments. Quand ce jeune homme, qui préfère rester anonyme, comme les autres personnes citées par leur prénom, était au collège Gustave-Flaubert, à Paris, le ramadan a coïncidé plusieurs années de suite avec l’été, obligeant à rester de longues journées sans boire ni manger. Aujourd’hui âgé de 25 ans, l’étudiant à HEC en parle comme d’« un moment formidable ». De longs après-midi vécus en commun avec d’autres collégiens musulmans, comme lui, à jouer au football le gosier sec jusqu’à ce que le soleil se couche. « Nous dépensions de l’énergie sans boire ni manger, c’était un moment collectif, où l’on vivait et ressentait tous la même chose, une des meilleures périodes de ma vie », assure-t-il. Dix ans plus tard, le mois du ramadan, qui doit débuter cette année lundi 11 mars, reste un moment spirituel crucial pour lui.
Chez les jeunes musulmans de France, ils sont nombreux à partager ce sentiment. Parfois bien plus que leurs aînés. Les données chiffrées robustes manquent, mais les chercheurs s’accordent à dire que c’est parmi les jeunes de moins de 25 ans que le ramadan est le plus observé. C’est de moins en moins le cas alors que l’on progresse en âge.
Tarik Yildiz, sociologue, auteur notamment de l’essai De la fatigue d’être soi au prêt-à-croire. Lutter contre la délinquance pour combattre le radicalisme islamiste (Editions du Puits de Roulle, 2020), le constate dans son travail sur le terrain : il y a, selon lui, un engouement particulier de la jeunesse musulmane pour ce pilier de l’islam. « Il y a ce lieu commun, cette impression d’une pratique plus visible de la religion. Ce lieu commun est juste pour partie », indique-t-il. Le chercheur voit clairement que les jeunes n’hésitent plus à assumer et à déclarer leur pratique religieuse.
Cette affirmation n’était pas forcément aussi évidente pour leurs aînés. « Le ramadan s’est imposé comme un marqueur d’appartenance fort à une religion, à une communauté à laquelle on est fier d’appartenir », fait ainsi remarquer Tarik Yldiz. Et de poursuivre : « Ne pas le faire, c’est comme si on reniait d’où on venait. Ce qu’on était. » Notamment, dans le cas des plus jeunes, dans certains quartiers populaires, où peuvent vivre beaucoup de musulmans issus de l’immigration.
A l’adolescence, remarque une conseillère principale d’éducation (CPE) dans un collège de banlieue parisienne, tout est performance au sein du groupe. Le ramadan s’y prête. Les jeunes, raconte-t-elle, se lancent des défis et se taquinent entre eux, jaugeant leur résistance face à une pratique qui peut être difficile pour certains. Ils en parlent, selon elle, comme ils peuvent parler du manga One Piece, qui fait un carton dans cette génération. Un élément important de leur culture parmi d’autres.
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